Mystères Joyeux — Mystères Lumineux —
Mystères Douloureux
Mystères Glorieux
Mystères du Rosaire
INTRODUCTION
“Jésus s’est fait obéissant
jusqu’à la mort, et la mort sur une Croix !”, est-il dit dans
l’Évangile.
La mort du Sauveur peut nous
sembler déconcertante. Comment Jésus, le Fils bien-aimé du Père, le Fils
unique du Dieu Tout-Puissant, la Parole de Dieu créatrice de l’univers,
comment Jésus, deuxième Personne de la Très Sainte Trinité, créateur des
êtres visibles et invisibles et Maître du monde, comment Jésus, Maître des
mondes spirituels et matériels, comment Jésus a-t-Il pu être ainsi obéissant
au Père, et obéissant jusqu’à la mort de la Croix ?
Et comment Jésus a-t-il pu
imposer l’obéissance, une obéissance parfois héroïque à ceux qui Lui étaient
le plus proches, à ceux qu’Il aimait le mieux ?
Réfléchissons bien :
l’obéissance suppose d’abord l’humilité. Satan a désobéi par orgueil. Satan
ne voulait pas servir, et c’est pour cela qu’il a désobéi. C’est parce qu’il
ne voulait pas obéir à Dieu, son Créateur et Maître, que Satan a été chassé
du Paradis, c’est-à-dire séparé de l’amitié avec Dieu. Quelques théologiens
et des mystiques ont dit aussi que Dieu, dans sa Sagesse, avait décidé de
remplir par les hommes, les places laissées vides, dans le Paradis, par
Satan et ses suppôts.
Les hommes devaient remplacer
les anges déchus. Satan et ses anges ne durent pas être contents... Alors,
aveuglé par sa haine, Satan a porté à son comble sa désobéissance
orgueilleuse, et, pour se venger de Dieu et L’empêcher de réaliser son
dessein d’Amour, il a entraîné l’humanité dans le péché, son péché : la
désobéissance et l’orgueil.
L’orgueil de Satan qui se
compare à Dieu, c’est le plus subtil et le plus redoutable des péchés :
c’est ce que Jésus appellera plus tard le péché contre le Saint Esprit.
C’est ce péché qui dit : “Je sais, je vois clair, mais cependant je refuse,
en pleine connaissance de cause, je refuse d’obéir à Dieu.” Ce péché ne peut
pas être pardonné car, de par sa nature, il refuse le pardon. C’est aussi de
cet orgueil que naît la haine.
La haine ne peut être réparée
que par l’Amour. L’orgueil désobéissant ne peut être réparé que par
l’humilité et l’humble obéissance du plus grand des Hommes, du propre Fils
de Dieu. Seule cette humble obéissance pouvait sauver l’Homme de l’abîme
dans lequel le Menteur l’avait précipité.
Lorsque, pour des raisons
quelconques on est amené à lire la vie des amis de Dieu, de ceux qui Lui
furent le plus proches, comme les saints ou les mystiques, on détecte vite
un dénominateur commun qui les unit et qui ne peut manquer d’attirer
l’attention : les deux vertus essentielles que Jésus exige de ses saints ou
de ceux à qui Il va confier une mission, ce sont l’obéissance absolue à la
volonté de Dieu transmise par les supérieurs, et l’humilité.
Il n’y a aucune exception à
cette règle, comme si elle était la condition sine qua non de la sainteté.
En effet, on sait que les plus grandes vertus n’ont de valeur que si elles
s’exercent dans la charité : “Si je n’ai pas la charité, je ne suis
rien.” dit Saint Paul. (I Cor XIII, 2) A contrario, la plus grande des
vertus, cette véritable charité sans qui aucune de nos actions n’a de
valeur, la véritable charité doit toujours s’appuyer sur l’obéissance à Dieu
accomplie avec un coeur humble. Seule, en effet, l’obéissance à Dieu
accomplie avec humilité et un coeur plein d’amour, peut réparer l’orgueil,
la désobéissance et la haine de Satan.
Il est difficile, lorsqu’on
prie le Rosaire, de méditer en même temps sur ces deux vertus : l’obéissance
et l’humilité, telles qu’elles ont été vécues, à la perfection, par Jésus et
par Marie, ce couple parfait chargé de réparer les erreurs du couple Adam et
Ève.
Pour mieux comprendre
l’obéissance de Jésus et de Marie, nous avons tout d’abord médité sur leur
humilité. Nous avons contemplé comment, avec beaucoup d’amour, Jésus et
Marie avaient mis en pratique cette vertu éminente: l’humilité, qui surpasse
toutes les autres vertus, charité mise à part, évidemment.
Maintenant nous allons méditer
sur l’obéissance de Jésus et de Marie. Pour bien comprendre leur obéissance,
il faut d’abord se redire que cette obéissance a été vécue par les deux plus
grands représentants de l’humanité : Jésus et Marie, qui furent aussi les
plus humbles de tous. En effet, il n’y a pas d’obéissance sans humilité, et
l’obéissance est la preuve de l’humilité.
Et surtout, il ne faut pas
oublier que ces vertus, comme toutes les autres, ont été vécues d’abord, et
à la perfection, par Jésus et Marie, dans la charité, c’est-à-dire dans
l’amour de Dieu.
Mystères Joyeux |
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L’Incarnation
du Verbe de Dieu, le Fils bien-aimé du Père, est comme la cristallisation de
deux obéissances :
– d’abord l’obéissance du
Verbe : “Tu n’as voulu ni holocauste, ni oblation. Alors j’ai dit: me voici !
Je viens faire ta volonté.”
– puis l’obéissance
de la Vierge Marie:“Qu’il me soit fait selon ta parole.”
L’obéissance de l’Incarnation n’est
pas triste, bien au contraire. C’est comme si Dieu, dont les délices sont d’être
au milieu des enfants des hommes, réalisait enfin son dessein d’amour : le Corps
mystique du Christ, véritable synthèse divine entre les mondes spirituels et les
mondes matériels. Quant à la Vierge Marie, la Servante du Seigneur, “elle
exulte maintenant de joie, en Dieu son Sauveur.”
L’obéissance de Marie à la requête
de Dieu, est joie. C’est la joie de l’obéissance pleinement accordée à la
volonté de Dieu ! À cela, on ne pense jamais. C’est dommage, car dès qu’il a
compris que Dieu est un Père qui nous aime infiniment et qui ne veut que le
bonheur des hommes, le coeur humain se gonfle de joie. Le coeur de l’homme qui
aime le Père comprend que l’obéissance à Dieu, loin d’être une contrainte, est,
en réalité, la plus extraordinaire des libérations. Dieu nous a faits pour Lui,
pour que nous soyons heureux en Lui.
L’obéissance intelligente et libre
sait que le véritable bonheur n’existe que dans l’harmonie qui doit régner entre
la Créature et le Créateur. Et cette harmonie est le lien d’amour créé entre
deux volontés : la volonté incréée de Dieu, et la volonté créée mais libre de la
créature qui accueille l’Amour. Il faut bien comprendre que la volonté créée est
libre, car l’amour ne peut exister que dans la liberté.
Vierge Marie, le jour de
l’Annonciation, quand, obéissante, tu accueilles dans ton sein le Verbe
obéissant, c’est tout l’Amour de Dieu que tu accueilles, c’est la Trinité-Amour
qui vient bénir l’humanité dans une harmonie toute céleste annonçant déjà la
Rédemption tant attendue.
Vierge Marie apprends-nous la joie
de l’obéissance, la joie des coeurs qui accueillent la volonté de Dieu.
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La Visitation
Y a-t-il
donc parfois une surabondance de joie dans l’obéissance ? L’obéissance du Verbe
de Dieu et l’obéissance de Marie ont comme fusionné. Elles sont devenues une
seule volonté, un unique amour jailli de l’obéissance du Fils de Dieu et de la
Vierge servante de Dieu. Ces deux obéissances fusionnées dans l’Amour n’ont plus
qu’un but, qu’une seule impulsion : rendre heureux tous les hommes qui sont sur
la terre.
L’Ange a annoncé à Marie que sa
cousine Élisabeth, celle qui était stérile, était enceinte. Enceinte de plus de
six mois. L’Ange n’a rien ajouté d’autre, sinon que rien n’était impossible à
Dieu.
Or Marie baigne dans l’Amour. Elle
comprend instantanément ce que Dieu veut encore d’elle : soulager la fatigue
d’une future vieille maman. Mais aussi apporter l’Enfant qui est en elle à ceux
à qui les merveilles du Seigneur doivent être révélées. Elle doit porter son
tout petit Enfant à ceux qui doivent aussi être purifiés par la présence de Dieu
caché mais vivant parmi nous.
Tout cela, Marie ne le sait pas.
Elle comprend seulement qu’elle doit partir, qu’elle doit obéir à la suggestion
de l’Ange. Car Marie sait que les anges ne parlent jamais en vain.
Alors Marie prend la route, pleine
de joie, pleine d’un bonheur rayonnant. L’obéissance de Marie est joyeuse
pendant la Visitation. Pourtant elle connaît les difficultés qui vont se
présenter. Il y aura d’abord les questions de Joseph à qui elle ne peut pas
encore parler. Il y aura ensuite les difficultés de la route, la longue route
(près de 150 km de Nazareth à Jérusalem), avec des moyens de transport très
rudimentaires et inconfortables. Il faut compter environ cinq jours, à pied, ou
sur le dos d’un petit âne. Et dormir où ? Et qui la protégera, qui veillera sur
elle, sur sa sécurité ? Il ne faut pas compter sur Joseph qui a son travail et
qui ne vit pas encore avec elle.
Marie ne pense pas un instant à
toutes ces contraintes. Elle sait seulement qu’elle est la servante du Seigneur,
et qu’elle doit obéir. Joyeusement elle part... Son obéissance et sa charité
seront bien récompensées : Élisabeth a compris que Dieu était en Marie, que
“la Mère de son Sauveur venait à elle.” Et le petit Jean, l’enfant
miraculeux annoncé par l’Ange à Zacharie, le petit Jean qui a tressailli dans le
sein de sa mère à la venue de Jésus, le petit Jean est purifié: il est déjà le
Précurseur.
Marie resta quelque temps à
Jérusalem, probablement trois ou quatre mois, puis elle s’en retourna à
Nazareth. Une autre obéissance l’attendait... |
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La Nativité de Jésus
Marie
est revenue à Nazareth.“Joseph a pris chez lui son épouse”, comme l’Ange
le lui avait demandé. Joseph a obéi, sans attendre, sans poser de question.
Joseph doit comprendre que tous ceux qui approchent de Dieu, doivent d’abord
obéir. Cette obéissance reste cependant toujours libre, car la présence et le
contact avec Dieu n’obèrent jamais la liberté de l’homme, bien au contraire.
Donc Joseph a pris chez lui Marie,
son épouse, et les mois ont passé. Dans quelques jours l’Enfant doit naître. À
Bethléem ont dit les prophètes... Mais comment aller jusqu’à Bethléem. Jusqu’ici
Joseph a fait confiance, il a toujours obéi, mais maintenant ? Et s’il s’était
trompé ? Si Marie n’était pas vraiment la Mère du Messie.
Mais Dieu sait se servir même des
défauts des hommes et de leurs prétentions pour accomplir ses desseins. César,
l’empereur romain veut compter ses sujets ; tous les hommes doivent aller
s’inscrire, chacun dans sa ville. Les doutes de Joseph cessent soudain: Jésus
naîtra à Bethléem comme l’ont annoncé les prophètes.
Joseph obéit, joyeusement et le
coeur libre. Marie viendra avec lui, dans des conditions particulièrement
difficiles en raison de sa grossesse avancée, mais qu’importe ! Joseph et Marie
obéissent à la volonté de Dieu clairement manifestée.
Nous ne reviendrons pas sur les
circonstances douloureuses de la préparation de la naissance de Jésus, dans la
grotte de Bethléem. Marie et Joseph savent que les événements présents sont
l’expression de la volonté du Seigneur, et ils se laissent conduire. Ils ont
bien raison, car voici les bergers, qui eux aussi obéissent aux anges...
Plus tard, ce seront les mages: eux
aussi ont obéi... Ils ne se posent pas de question, eux non plus: ils
s’attendaient à trouver un fils de roi... Ils voient un tout petit bébé dans une
famille de pauvres gens. Ils voient, et ils croient... Et ils adorent le
Seigneur de l’univers et le Sauveur du genre humain.
Marie, Joseph, les bergers et les
mages continueront à obéir. Pas une seule faille dans l’observance de cette
vertu. Tous ont obéi, tous sont heureux, et tous ont grandi dans la foi et dans
l’amour.
Il n’y a pas de fausse note dans
l’obéissance joyeuse de ceux qui ont mérité d’approcher le Seigneur Jésus à sa
naissance...
Marie, Joseph, tous les saints
bergers et les saints mages, apprenez-nous l’obéissance joyeuse à la volonté de
Dieu. Apprenez-nous l’obéissance qui, loin de diminuer ou de blesser l’homme est
la raison de sa joie et la cause de sa grandeur. |
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C’est
encore la joie dans la famille de Joseph. Le petit bébé grandit bien, et il est
toujours souriant. Marie et Joseph ne cessent de le contempler, de l’admirer.
Joseph a trouvé du travail et une petite maison. Marie est heureuse.
Maintenant il faut songer à obéir à
la Loi: la Maman doit être purifiée (on ne sais pas de quoi...) et il faut
racheter Jésus, le fils premier-né. Tous les juifs doivent se soumettre à cette
règle qui rappelle la sortie d’Égypte, la terre d’esclavage. On a beaucoup dit
que Marie la toute pure n’avait pas besoin d’être purifiée... De même Jésus, le
Fils du Père, le Verbe de Dieu, n’avait pas à être racheté... Mais Marie et
Joseph ne savaient pas tout cela. Et même s’ils l’avaient su, ils auraient obéi,
ils ne se seraient pas singularisés ; d’ailleurs ils ne devaient pas se
singulariser car Satan ne devait rien connaître de la Sainte Famille.
Joyeusement Marie et Joseph se
soumettent à la Loi. Ils sont joyeux car la purification et la présentation de
l’enfant sont une grande fête familiale. Et puis, ils vont au Temple prier et
rencontrer leur Seigneur. Et ils verront des amis, des parents, des
connaissances. Et on admirera leur enfant... On est toujours dans la joie quand
on obéi à la Loi de Dieu avec amour.
Marie et Joseph ont rempli toutes
les formalités auxquelles ils devaient se soumettre. Maintenant ils peuvent
bavarder un peu. Mais Syméon, le sage vieillard s’approche. Pourquoi est-il venu
ici, ce pauvre vieux qui a du mal à marcher ? Il a seulement obéi à une
impulsion irrésistible: il fallait qu’il aille au Temple. Il prend l’enfant dans
ses bras, il lui sourit et lui parle gentiment. Et soudain il comprend, il sait.
En un éclair il a vu Celui qu’il tient dans ses bras: c’est le Messie attendu
par Israël.
Syméon prophétise et tous les
assistants se demandent ce que sera cet enfant. Syméon continue à obéir à
l’Esprit qui est en lui. Il doit assombrir la fête de famille: l’enfant sera un
signe de contradiction pour son peuple.
Syméon a accompli sa mission.
Maintenant il peut s’en aller en paix: il a vu le salut d’Israël, la lumière des
nations. Dans peu de temps il devra obéir une dernière fois et partir rejoindre
ses pères. Syméon est heureux. |
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La
Sainte Famille est retournée à Nazareth. Jésus est un enfant docile. Marie et
Joseph sont dans la paix, soumis l’un à l’autre selon les coutumes de l’époque.
Marie ne revendique pas les droits auxquels elle aurait pu prétendre, étant la
Mère du Sauveur. Tout est harmonie et joie dans l’obéissance à Nazareth.
Jésus, à douze ans, est devenu
adulte, Jésus doit se soumettre à la Loi. Joseph et Marie viennent au Temple
pour présenter leur Fils. Jours de joie, jours de fête. Mais jours d’angoisse
aussi. Pourquoi, sur le chemin du retour, Jésus n’est-il pas avec eux ? Pourquoi
Jésus a-t-il fugué ?
Pourquoi Jésus s’est-Il comporté de
cette façon tout-à-fait inhabituelle? C’est qu’Il devait être aux affaires de
son Père. Il devait obéir et continuer à faire la volonté du Père, au risque de
faire souffrir ses parents de la terre. Il devait aussi rappeler à Joseph et à
Marie, qui l’avaient peut-être un peu oublié, qu’Il ne leur appartenait pas.
Jésus rentra à Nazareth avec Joseph
et Marie. Il vivra avec eux pendant de longues années ? Et Il leur sera soumis.
Lui, le Créateur et le Maître du monde, Il sera soumis à ses parents, à ses
inférieurs.
Jésus sera soumis à ses créatures.
Peut-être compensait-Il ainsi, outre la désobéissance d’Adam et d’Ève, la
désobéissance de Satan ? Jésus le nouvel Adam, obéissait à ses créatures, alors
que Satan, lui, une simple créature, avait refusé l’obéissance que Dieu, le
Père, lui demandait: se soumettre à un homme. Se soumettre à un homme! Oui, mais
quel homme : Jésus, Dieu incarné, Dieu vivant, le Fils Unique du Père, le Verbe
de Dieu.
Mystère de la volonté de Dieu !
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Mystères lumineux |
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Jésus le
Fils de Dieu est venu parmi nous! Dieu-Fils, Verbe de Dieu, deuxième Personne de
la Très Sainte Trinité, s’est fait homme, par obéissance au Père, afin de rendre
Dieu plus proche des hommes et de sauver tous les hommes. Jésus, le Verbe de
Dieu a obéi au Père dès que la volonté divine se fut manifestée. Jésus, Verbe de
Dieu a obéi au Père dès l’instant de sa conception...
Jésus doit maintenant commencer sa
mission, et Il la commencera par un sublime acte d’obéissance. Lui l’Innocent,
le très pur, Il va se faire baptiser par Jean le Baptiste, comme tous les
pécheurs, et mêlé à eux. Jésus vient pour recevoir un Baptême de pénitence! Jean
le Baptiste s’effraie :
— Moi, Te baptiser ! Mais c’est moi
qui devrait être baptisé par Toi !
— Laisse faire pour le moment,
répond Jésus, il faut que nous accomplissions toute justice, il faut que nous
obéissions à la volonté de Dieu.
Alors Jean baptisa Jésus, et le
Ciel s’ouvrit et une voix puissante s’écria :
— Celui-ci est mon Fils bien-aimé
en qui je me complais.
Et l’Esprit descendit sur Jésus,
sous la forme d’une colombe. (Mat. 3, 13-17)
Jésus commence sa vie publique par
un acte d’obéissance. L’obéissance du Baptiste permet la révélation et la
glorification de Jésus.
L’obéissance de Jésus et de son
Précurseur permit la première manifestation de la Sainte Trinité. Alors les yeux
et l’esprit de Jean s’ouvrirent, et le lendemain il put dire aux premiers
disciples :
— Voici l’Agneau de Dieu, voici
celui qui enlève le péché du monde.
Puissance de l’obéissance !
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Grande
effervescence à Cana : deux jeunes de la communauté se marient, deux jeunes
entrent dans la vie pour donner la vie, et pourquoi pas ? le Messie attendu !...
La fête bat son plein. Les invités sont peut-être un peu plus nombreux que
prévu, mais le Maître de maison ne s’en inquiète guère : le nécessaire a été
fait et rien ne devrait manquer. Et tout le monde se souviendra de ces noces si
joyeuses...
La fête bat son plein. Les jeunes
mariés se sont levés, et en attendant les magnifiques friandises qui,
traditionnellement, couronnent ces heureuses festivités, ils vont auprès de
chacun de leurs amis pour les remercier de leur amicale présence. Quelle joie on
peut lire sur les visages des jeunes et des vieux! Le vieux rabbin, qui tout à
l’heure a béni ses enfants et leur a promis beaucoup de bonheur dans la
fidélité, et dans l’obéissance à la Loi, est tout ragaillardi... Marie profite
de l’intermède pour aller jeter un coup d’œil aux cuisines où l’on a peut-être
besoin d’un coup de main. Jésus, Lui, est resté assis près du père des mariés.
Il parle longuement, et le vieux rabbin, d’abord étonné, se prend à sourire,
d’un sourire plein d’émerveillement.
Marie revient à table: les
friandises sont probablement prêtes, et il va falloir appeler tout le monde.
Marie se penche vers Jésus et Lui dit quelques mots. Jésus semble étonné :
— Femme, ce n’est pas encore mon
Heure. Le moment n’est pas venu.
Pourtant Marie semble insister.
Jésus plonge son regard dans les yeux de Marie. Que se disent-ils pendant cette
conversation muette, mais comme dramatique ? Jésus se tait. Il regarde ses
premiers disciples. Ils Le suivent depuis quelques jours, mais ils ne Le
connaissent pas encore. Ils suivent l’Agneau de Dieu que le Baptiste leur a
présenté, mais qu’ont-ils compris à cette expression ? Et pendant combien de
temps Le suivront-ils si rien ne les retient à Lui? Les hommes sont si
fragiles !
Jésus regarde encore Marie et
murmure :
— Mère, tu le veux vraiment ?
L’Esprit a-t-Il de nouveau envahi ton cœur ? As-Tu senti que c’était
maintenant ? Mère, encore une fois je T’obéis, car en me parlant ainsi, tu obéis
au Père qui vient de te demander le sacrifice suprême.
Jésus se lève et va trouver les
serviteurs... et Marie leur suggère :
— Faites tout ce qu’Il vous dira !
Tiens ! Il y a soudain une grande
agitation dans les cuisines. Pourquoi remplit-on ces jarres d’eau ? Ah ! Voici
les friandises ! Comme c’est beau! On sert le vin :
— Comme il est bon, ce vin !
s’exclame le maître de la maison. Pourquoi l’avoir gardé pour la fin? Ce n’est
pas l’habitude.
Tout le monde se tait soudain
tandis que les serviteurs dévoilent l’origine de cet excellent vin. Marie
murmure :
— Merci mon Dieu, merci Jésus! Et
Jésus lui sourit :
— Mère, je t’ai obéi, comme lorsque
j’étais enfant. C’est vrai, il fallait que je manifeste ma gloire pour que mes
disciples croient en Moi. |
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“Soyez
parfaits comme votre Père céleste est parfait !”
Les apôtres sont groupés autour de
Jésus. Ils L’écoutent attentivement, les yeux fixés sur Lui, comme fascinés.“Soyez
parfaits comme votre Père céleste est parfait !” répète Jésus, comme pour
imprimer ces paroles dans le cœur de ses disciples.
Jésus lit dans l’esprit de ses
auditeurs: la plupart sont déjà en train de récapituler les innombrables règles
que les chefs d’Israël ont, peu à peu, au cours des âges, ajouté aux dix
commandements du Décalogue. Certains soupirent :
— Observer tous les commandements
que les pharisiens nous imposent, ce n’est pas possible !
Jésus les regarde et sourit :
— Je vous ai déjà montré comment
vous deviez vous aimer les uns les autres. Je sais que vous avez compris ce
qu’est l’amour véritable, et que, malgré les difficultés, vous faites des
efforts pour m’obéir. Et vous avez aussi expérimenté que, lorsque vraiment vous
vous aimez, vous êtes heureux et vous débordez de joie.
Les apôtres hochent la tête,
convaincus, en murmurant toutefois:
— Mais ce n’est pas toujours
facile !
Jésus continue :
— Je vous ai donné ma paix, mais
pas comme le monde la donne. Car la paix de Dieu n’est pas la paix des hommes.
Et bien ! la perfection de Dieu n’est pas non plus la perfection des hommes.
Des regards se lèvent, étonnés.
Jésus continue :
— Vous connaissez tous le premier
commandement : “Tu aimeras le Seigneur ton Dieu, de tout ton cœur, de toute
ton âme, de tout ton esprit, et ton prochain comme toi même. C’est là toute la
Loi et les prophètes.” Je vous dis, Moi, que ce commandement du Père, c’est
le plus grand commandement. Et si vous l’observez, si vous aimez Dieu, si vous
aimez votre prochain, si vous savez faire du bien à qui vous veut du mal, – car
tous les hommes, quels qu’ils soient, même les méchants, sont les enfants du
Père, et le Père les aime – si vous observez le plus grand des commandements de
Dieu, vous êtes parfaits.
Quelques objections s’élèvent :
— Aimer son prochain comme
soi-même, peut-être, en faisant bien des efforts, mais aimer ses ennemis !!!
— Vous savez que Dieu fait pleuvoir
sur les méchants comme sur les bons... Car tout ce que fait Dieu est parfait.
Faites de même, obéissez au plus Grand commandement, celui qui renferme toute la
Loi... Vous découvrirez un jour qu’il contient le secret du bonheur.
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Jésus
vient d’être transfiguré. Jésus a longuement parlé avec Moïse et avec Élie. De
quoi ont-ils parlé ? Curieusement l’Évangile ne nous le dit pas. Mais, le Père,
pendant qu’Il glorifie son Fils et qu’Il Le présente comme son Fils Bien-Aimé,
donne cet unique conseil : “Écoutez-Le !” Sous-entendu,
“Obéissez-Lui !”
Les trois disciples sont tombés à
terre, la face contre le sol, comme foudroyés de terreur par la présence de Dieu
Tout-Puissant, si redouté des Juifs. Mais Jésus, redevenu Lui-même, les relève
et leur dit :
— Levez-vous, ne craignez-pas !
Les apôtres ne voient plus que
Jésus seul... Rassurés, ils descendent de la montagne, avec Lui...
Un étrange silence accompagne Jésus
et ses trois apôtres. Jésus regarde ses trois amis encore sous l’influence de ce
qui vient de se passer. Que faire ? Que dire ? Les croira-t-on quand ils
raconteront cela aux autres ?... Soudain Jésus rompt le silence et dit :
— Ne parlez à personne de cette
vision, tant que le Fils de l’Homme ne sera pas ressuscité d’entre les morts.
La tension, peu à peu s’atténue, et
les apôtres interrogent Jésus. La vie reprend ses droits...
Poursuivons notre méditation sur
cet étrange épisode de la vie de Jésus, et de ce que les trois apôtres en ont
retenu.
Jésus, resplendissant comme le
soleil, s’entretient avec Moïse et Élie. De cette conversation qui a dû être
très importante, nous ne savons rien. Les apôtres n’ont retenu qu’une Parole,
celle qu’ils nous ont transmise, la Parole qui leur demande l’obéissance totale
à Jésus : “Celui-ci est mon Fils, Écoutez-Le !”
Maintenant les trois apôtres savent
vraiment que Jésus est le Fils du Père. Ils ne peuvent plus avoir de doute. Ils
pourront le dire aux autres, les affermir dans leur foi. Eux, ils savent! Mais
Jésus leur donne un nouveau conseil d’obéissance : “Ne parlez à personne de
cette vision...”
Écoutez Jésus. Obéissez-Lui. Ne
parlez pas de cette vision. L’obéissance est-elle une si grande vertu que les
apôtres, spécialement privilégiés, n’aient rapporté de cette exceptionnelle
vision, que ces conseils très terre à terre ?
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La vie
de Jésus, Verbe de Dieu, commence et se termine par un acte d’obéissance :
“Tu n’as voulu ni holocauste, ni
oblation, Me voici, Je viens pour faire ta volonté !” et : “Jésus,
sachant que son Heure était venue de passer de ce monde à son Père, comme Il
avait aimé les siens qui étaient dans le monde, Il les aima jusqu’à la fin.”
Jésus est venu pour faire la
volonté du Père. Pendant toute sa vie, Jésus a fait la volonté du Père.
Maintenant, Il sait que l’Heure est venue, Il sait comment se passeront ses
dernières heures, Il sait qu’Il sera crucifié... et Il sait que ses apôtres,
ceux qu’Il a choisis et longuement enseignés, Jésus sait qu’ils n’ont encore
rien compris, qu’ils Le trahiront, Le renieront, L’abandonneront... Le
laisseront seul dans son agonie terrible de Gethsémani. Jésus sait, mais, ces
pauvres hommes, si faibles, si fragiles, Jésus ne veut pas les abandonner, les
laisser orphelins...
Jésus est avec ses apôtres, Il
mange avec eux son dernier repas terrestre. Il vit avec eux sa dernière Pâque de
l’ancienne Alliance. Jésus les regarde et les aime. Jésus prend le pain, le
bénit et rend grâce au Père :
— Père, j’ai tojours fait ta
volonté; voici que je viens à Toi, glorifie ton Fils.
Jésus rompt le pain et le donne à
ses disciples :
— Prenez et mangez: ceci EST mon
Corps livré pour vous.
Jésus prend le vin :
— Ceci EST mon sang versé pour
vous. Faites ceci en mémoire de Moi.
Désormais, chaque fois qu’un prêtre
consacrera le pain et le vin, Jésus obéira à sa voix. Sur son ordre, Il sera là,
présent, vivant et plein d’amour et de sollicitude. Car Jésus qui fait la
volonté du Père en retournant vers Lui, ne veut pas laisser ses amis
orphelins...
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Mystères douloureux |
“Tu ne voulais ni offrande
ni sacrifice, Tu as ouvert mes oreilles. Tu ne demandais ni holocauste ni
victime, alors j’ai dit : “Voici, je viens. Dans le livre, est écrit pour
moi ce que tu veux que je fasse. Mon Dieu, voilà ce que j’aime : ta loi me
tient aux entrailles.” (Ps 39, 7-9)
“Lui qui était de condition
divine n’a pas considéré comme une proie le rang qui l’égalait à Dieu, mais
Il s’est, au contraire, anéanti Lui-même, prenant la condition de serviteur,
devenant semblable aux hommes, et, dans son comportement, reconnu pour un
homme, Il s’est abaissé Lui-même, devenant obéissant jusqu’à la mort, et la
mort sur une Croix.
C’est pourquoi Dieu l’a
souverainement exalté et Lui a donné le nom qui est au-dessus de tout nom,
afin qu’au nom de Jésus tout genou fléchisse, aux cieux, sur terre et au
séjour des morts, et que toute langue proclame : Jésus-Christ est Seigneur,
à la gloire de Dieu le Père.” (Phil II, 5-11)
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Jésus !
Gethémani, le Jardin des Oliviers, nous connaissons bien. Ton agonie, nous
l’avons souvent vécue dans nos méditations du Jeudi-Saint. Mais nous connaissons
mal ton obéissance, et encore nous ne la connaissons qu’intellectuellement.
Alors, ton obéissance au Jardin des Oliviers, nous allons faire l’effort,
aujourd’hui, de la vivre avec Toi, et avec notre cœur.
Jésus, depuis l’origine “Tu Te
fis obéissant, et obéissant jusqu’à la mort...” Ta Passion, Tu savais
qu’elle aurait lieu, à son heure. Nous ignorons ce qui se passait dans ta
conscience d’homme. Nous ne savons pas jusqu’à quel point Tu étais informé des
détails des souffrances que Tu devrais subir... Mais Toi, Tu connaissais les
écritures, terribles dans leur lucidité. Tu avais dû dire et redire le cantique
du Serviteur souffrant : “Ce jour-là mon peuple connaîtra mon Nom. Il saura
qui a dit : “Me voici !” Qu’ils sont beaux sur la montagne les pieds du porteur
de bonnes nouvelles, de celui qui annonce paix et bonheur, qui proclame le salut
et qui dit à Sion : ”Ton Dieu règne !” (Isaïe LII, 6-7)
“...Mon serviteur enfin
réussira... Tous ont été horrifiés à son sujet, car Il n’avait plus figure
humaine, son apparence n’était plus celle d’un homme... (Isaïe LII, 13-14)
Il était méprisé, rejeté par les hommes, un homme de douleur marqué par la
souffrance, l’un de ceux devant qui on se cache le visage. Il n’était rien, et
nous l’avons négligé.
Or, ce sont nos maladies dont il
était chargé, nos plaies qu’il portait. Nous pensions qu’une plaie de Dieu
l’avait frappé, humilié, mais c’est pour nos fautes qu’il était transpercé,
c’est à cause de nos péchés qu’il était écrasé... On le maltraitait, mais lui
s’humiliait, il n’ouvrait pas la bouche, comme le mouton conduit à l’abattoir,
comme la brebis qui se tait devant ceux qui la tondent. Il a été détenu, puis
jugé, puis éliminé; qui a réfléchi à son sort? Car s’il était retranché de la
terre des vivants et frappé, c’était pour le péché de son peuple...”
Jésus ! Tout cela Tu le savais, Tu
le connaissais par cœur. Tu savais qu’il s’agissait de Toi. Tu savais que ton
Heure était venue... Jésus! Tu savais et l’angoisse T’étreint. Soudain Tu as
peur, une horrible peur attisée par l’ennemi. Jésus! Tu faiblis sous l’angoisse
mortelle et Tu cries : “Père, si c’est possible, que cette coupe passe loin
de Moi...”
Mais, Jésus, c’est pour cette Heure
que Tu étais venu. C’est cette coupe que Tu devais boire. Ton obéissance T’avait
déjà fait dire : “Voici, je viens, je viens faire Ta volonté !” La
volonté de Dieu est là : elle est effrayante pour ta nature humaine, mais Tu
sais que Tu obéiras : “Cependant, Père, pas ma volonté, mais la tienne.”
C’est à ce moment que les anges
vinrent et T’offrirent la Coupe de consolation, la Coupe qui Te rendis les
forces que Satan t’avait prises.
Jésus, pour la troisième fois Tu
vins trouver tes disciples endormis. Mais maintenant Tu avais vaincu ton
angoisse et ta peur. Tu avais vaincu Satan. Tu pourras boire la coupe que le
Père te présentera, jusqu’au bout, car ton obéissance à la volonté du Père a
été plus forte que ta peur. Maintenant, les hommes sont déjà sauvés. “Mort où
est ta victoire ?” |
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La Flagellation
“Nous
pensions qu’une plaie de Dieu l’avait frappé, humilié.”
Jésus, toute l’humanité s’est
rassemblée pour Te faire souffrir : une partie de ton peuple est là, qui ne veut
pas Te reconnaître. Les païens sont là, qui ne comprennent pas bien et ne
veulent pas prendre de risques. Les bourreaux et les tortionnaires de tous les
temps sont là aussi. Les amis, eux, sont partis...
Tu es seul, humilié, frappé,
martyrisé, et nous pensions que c’était Dieu qui Te frappait !
Jésus ! Sous les coups qui
pleuvent, Tu n’ouvres la bouche que pour prier et pardonner. Tu pries pour tes
bourreaux et pour nous tous, de tous les siècles, et de toutes nations. Car tous
les pécheurs sont tes bourreaux, et nous sommes tous pécheurs.
Jésus, c’est à cause de nos
péchés que Tu étais écrasé.”
Mais Toi, Tu étais innocent, et
tout le monde le savait : les prêtres le savaient, les docteurs de la Loi le
savaient, ton peuple le savait. Et Pilate le savait. D’ailleurs, s’il Te faisait
flageller ainsi, c’était pour essayer de Te sauver. Et ce faisant, lui aussi,
sans le savoir, obéissait à Dieu... Avec Toi, Jésus, Pilate accomplissait ce qui
avait été dit et écrit, pour Toi, par les prophètes : “Dans le Livre, est
écrit pour moi ce que Tu veux que je fasse.”
Voici Jésus que Tu n’as plus figure
humaine.
Tu n’as plus figure humaine, mais
bientôt Tu seras l’HOMME. Bientôt Tu recevras ta couronne royale.
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Jésus,
Tu n’as plus figure humaine : c’était écrit, et Tu dois accomplir les écritures,
toutes les écritures. Tu es Roi, et comme ton peuple Te refuse ce titre, ce sont
les païens qui Te le donneront : tes bourreaux d’abord, puis les chefs des
païens. Car le motif de ta condamnation, c’est Pilate qui le fera écrire, pour
que toutes les nations le lisent et le sachent :”Jésus de Nazareth, Roi des
juifs !”
Quels que soient les obstacles mis
par les pécheurs, la volonté de Dieu se réalise toujours. Les païens et les
pécheurs la font malgré eux, mais Toi, Jésus, Tu fais la volonté du Père, en
pleine connaissance de cause. “Comme un agneau conduit à la boucherie, Tu
n’ouvres pas la bouche.” Ta couronne est tressée d’épines, mais Tu ne la
refuses pas, car Tu es vraiment Roi. Tu es vraiment le Roi des juifs.
Tu ne refuseras pas non plus le
sceptre de roseau, ce sceptre de dérision. Tu aurais pu le lâcher: ta main
douloureuse aurait pu justifier un tel abandon. Mais Tu es Roi, et Tu dois
garder cet insigne de ta Royauté actuellement bafouée. Tu es le Messie, Tu es le
Sauveur du monde, le Rédempteur attendu, Tu es le Christ-Roi. C’est la volonté
du Père que Tu sois couronné. Car au Verbe de Dieu a été donnée la royauté sur
le monde et sur l’univers entier.
Alors, Jésus, Tu obéis. Ton
obéissance à la volonté du Père est douce malgré son horreur, car Tu as une
nourriture que nous ne connaissons pas, une nourriture qui Te donne la force
d’aller plus loin dans ta Passion.“Ta nourriture, c’est de faire la volonté
du Père.”
Maintenant, Jésus, Tu es l’Homme...
Tu T’es fait péché pour nous. L’homme pécheur avait refusé l’obéissance au Père.
Toi, Jésus, Tu répares les désobéissances humaines en accomplissant à la
perfection la volonté du Père.
Jésus, Tu portes le poids des
détresses humaines toutes nées du péché. Tu T’es fait péché, Tu T’es fait
détresse... Jésus Tu “n’as plus figure humaine”, et pourtant Tu es
l’Homme.
“Jésus, Tu étais méprisé, rejeté
par les hommes, un homme de douleur marqué par la souffrance, l’un de ceux
devant qui on se cache le visage.” Jésus, Tu es l’Homme !
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Jésus Tu
es l’Homme. C’est Pilate qui le dit. C’est Pilate qui l’affirme : “Voici
l’Homme !”
Jésus, en affirmant :“Voici
l’Homme !” un homme sans apparence humaine, un homme défiguré, douloureux,
meurtri “car c’étaient nos péchés et nos souffrances que Tu portais”, en
Te présentant ainsi à la foule en délire et au bord de l’émeute, Pilate espérait
Te sauver. Pilate espérait la pitié de ton peuple.
Pilate Te savait Roi, mais il
n’osait pas le dire car il avait peur. Les chefs des prêtres, eux, ne veulent
aucune pitié, n’ont aucune pitié : Tu dois mourir ! Tu dois être crucifié. C’est
ainsi que l’on se débarrasse des plus grands malfaiteurs, pour l’exemple... Et
Tu es un grand malfaiteur, Toi, Jésus, qui es l’Amour, Toi Jésus qui portes les
péchés du monde.
Pilate est troublé : cet Homme
s’est dit Dieu, et Il se prétend Roi. Pilate ne veut pas crucifier un Roi qui,
de plus, est peut-être Dieu venu rendre témoignage à la vérité :
“Crucifierais-je votre Roi ?...”
Jésus, Tu dois être condamné à
mort, être mis au rang des malfaiteurs : les prophètes l’ont annoncé, c’est dans
les Écritures, et Toi, Tu obéis aux Écritures. Tu dois être crucifié. Pilate
maintenant s’en lave les mains. Il ne veut pas que cette sale affaire retombe
sur lui. Il ne veut pas qu’à Rome on dise qu’il a condamné un innocent : ce
n’est pas dans les moeurs romaines. Tu es innocent, Jésus, et Pilate ne trouve
en Toi aucun motif de condamnation.
Alors, Jésus, Toi, l’Homme, Tu
seras condamné parce que Tu es Roi, le Roi des juifs, le Roi des païens, le Roi
du monde. ”Jésus de Nazareth, Roi des juifs !”
Jésus, Tu es condamné. On peut Te
charger de ta Croix. Dans ce temps-là les exécutions ne traînaient pas : tant
pis s’il y avait erreur judiciaire ! C’est la veille du Shabbat solennel des
juifs ; la matinée est déjà très avancée : il faut faire vite. Toi, Jésus, Tu
reçois ta Croix qui sauvera le monde à cause de ton obéissance.
Jésus, Tu peux commencer ton long
chemin de Croix, ce chemin de Croix qui, comme ton Agonie, durera jusqu’à la fin
du monde. Jésus, Tu étais venu pour cette Heure, ton Heure, cette Heure
immortelle du Triomphe de la Croix, ta Croix.
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Jésus !
Comme un agneau, comme un agneau pascal qu’on mène à l’abattoir, sans Te
plaindre malgré tes nombreuses chutes, malgré tes blessures, malgré tes
souffrances, Tu avances lentement sur le long chemin de la Croix.
Voici le Calvaire, lieu de ton
dernier supplice, lieu de ton Triomphe. Tu es arrivé, Jésus !... Maintenant on
va Te clouer sur la Croix... Tu pourrais faire un miracle, Te redresser soudain,
montrer tes plaies guéries... et passer au milieu de tes bourreaux, comme Tu le
fis plusieurs fois auparavant. Non, c’est ton Heure et celle de la Puissance des
ténèbres. Jésus Tu feras la volonté du Père, jusqu’au bout.
Il est trois heures. La terre
tremble, les éléments pleurent. Le soleil se cache, horrifié, car c’est son
Créateur qui va mourir. Ils ne savent pas, ces éléments, que Jésus meurt pour la
vie, leur vie et celle des hommes. Ils ne savent pas que l’obéissance de Jésus
est rédemptrice : ils ne peuvent pas savoir !
Tout est accompli : Jésus a rempli
son contrat avec le Père jusqu’à la dernière ligne, jusqu’au dernier iota. Tout
est accompli. Pourtant, à la dernière minute de sa terrible agonie, Jésus vit
(du verbe vivre), dans toute son atrocité, la douleur indescriptible de
l’abandon du Père, la déréliction suprême. Sa divinité semble aussi L’avoir
délaissé et Jésus n’est plus qu’un homme seul, en train de mourir, comme sans
espoir : “Père ! pourquoi m’as-Tu abandonné ?”
Jésus savait que les choses
devaient se passer ainsi, car Il devait expérimenter toutes nos souffrances,
toutes nos douleurs. Il devait aussi connaître l’impuissance terrible de l’homme
sans espérance. Mais la défaillance de Jésus ne dure pas. Tout est accompli.
Jésus peut mourir et remettre son Esprit entre les mains du Père. Jésus remet
l’Esprit, Il remet sa vie entre les mains du Père à qui Il a toujours obéi :
“obéissant jusqu’à la mort, et la mort sur la Croix.”
“C’est pourquoi Dieu L’a exalté
et Lui a donné le Nom qui est au-dessus de tout nom, afin qu’au Nom de Jésus
tout genou fléchisse, au Ciel, sur terre et aux enfers, et que toute langue
proclame : Jésus-Christ est Seigneur à la Gloire de Dieu le Père.” (Phil II,
9-11)
Car ta mort, Jésus, c’est ton
triomphe, c’est ta Gloire. Maintenant que Tu as été élevé de terre, Tu peux
attirer tout à Toi. Jésus, Tu es notre Roi, et ta Croix est ton trône.
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Mystères glorieux |
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La Résurrection de Jésus
Christ
est ressuscité des morts... Il est ressuscité comme Il l’avait dit.
Depuis le début de la Passion, les
disciples et les apôtres de Jésus s’étaient dispersés. La peur les avait
éloignés du Chemin douloureux suivi par leur Maître. Peu à peu ils s’étaient
retrouvés dans la salle du Cénacle, avec la Mère. Ils étaient complètement
abattus, et seule Marie pouvait leur rendre un peu d’espoir.
Marie-Madeleine aussi, la
pécheresse, avait encore un peu de foi au fond de son coeur et elle irait au
tombeau, dès que le Shabbat serait passé. Car, se souvenait-elle, Il a dit qu’Il
ressusciterait le troisième Jour...
Le temps passe. Les femmes sont
allées au tombeau et l’ont trouvé vide. Certaines affirment qu’elles ont vu des
anges. Elles ont même vu le Seigneur qui leur a confié une mission auprès de ses
frères. Mais, pour les apôtres, tout ça ne paraît pas très sérieux : des délires
de femmes, tout au plus...
La journée s’avance. Des nouvelles
de plus en plus étranges commencent à circuler. Pierre et Jean ont vu aussi le
tombeau vide... Mais Jésus, ils ne L’ont pas vu.
Que faire maintenant à Jérusalem;
le mieux est certainement de retourner chacun chez soi. Deux disciples sont déjà
en route, sur le chemin d’Emmaüs. Ils parlent entre eux, de leurs peines, de
leur déception, de leur détresse, que faire? Ils croyaient pourtant, dur comme
fer, que Jésus était venu rétablir la Royauté en Israël.
Un voyageur s’approche : “De
quoi parliez-vous en chemin ?” De Jésus de Nazareth bien sûr, “ce
prophète puissant en oeuvres et en paroles devant Dieu et devant tout le peuple.
Voici trois jours que tout cela est arrivé...” (Luc XXIV,13-32)
Alors le voyageur commença à leur
parler :“Gens sans intelligence, coeurs lents à croire tout ce qu’ont annoncé
les prophètes. Ne fallait-il pas que le Christ souffrît ainsi pour entrer dans
sa gloire? Et, commençant par Moïse, puis par tous les prophètes, Il leur
interpréta dans toutes les Écritures ce qui Le concernait.”
Jésus ressuscité parle à deux de
ses disciples. Jésus ressuscité ouvre leur esprit, lent à croire, lent à
comprendre. Jésus ressuscité leur ouvre surtout le coeur. Justement, leur coeur
est si chaud en ce moment. Quand Jésus a montré que c’est seulement l’obéissance
à Dieu qui L’a conduit sur terre, y compris sur le Chemin de la Croix, et de sa
mort, Il se révèle à eux. Leurs yeux s’ouvrent et ils Le reconnaissent, à la
fraction du pain. Jésus disparaît: Il sait qu’Ils ont compris la valeur de
l’obéissance. Bientôt, eux aussi obéiront. |
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Jésus
parle avec ses apôtres. Depuis quarante jours Il est ressuscité. Il vient
souvent les voir. Il leur parle, les instruit et leur donne ses dernières
instructions. Jésus vient souvent voir ses apôtres ; mais Il arrive comme çà,
brusquement : d’un seul coup Il est au milieu d’eux. Jésus mange aussi avec eux,
car Il veut leur faire bien comprendre qu’Il n’est pas un fantôme...
Ce jour-là, le quarantième après sa
Résurrection, au cours d’un repas avec ses disciples, Jésus “leur enjoignit
de ne pas quitter Jérusalem, mais d’y attendre l’accomplissement de la promesse
du Père...” (Actes I, 4-12) “Dans peu de jours ils seront baptisés dans
l’Esprit Saint.”
Décidément les apôtres ont la tête
dure. Ils n’ont vraiment rien compris de l’enseignement de Jésus, de sa mission,
de son Royaume... Non rien, car “ils se réunissent pour demander à Jésus si
c’est maintenant qu’Il va rétablir le Royaume d’Israël.” Jésus leur répond
que “ce n’est pas à eux de connaître les temps que le Père a fixés... Mais
ils vont recevoir la force du Saint-Esprit... et ils seront ses témoins...
jusqu’aux extrémités de la terre.”
À ces mots Jésus fut élevé et une
nuée Le déroba à leurs yeux.
On peut comprendre la stupeur des
apôtres. Cette fois, Jésus serait-Il bien parti ? Ils ne savent pas, mais pour
la première fois, d’un commun accord et sans tergiverser, ils obéissent à la
dernière demande de Jésus : ils retournent à Jérusalem.
Les onze apôtres se réunissent et
déjà reconnaissent l’autorité de Pierre qui propose le remplacement de Judas :
il faut compléter leur nombre et occuper la place laissée vide par le traître.
Et comme Jésus le leur avait recommandé, ils prient, beaucoup, avec Marie, en
attendant... À propos ! en attendant quoi ? Ils ne savent pas vraiment, ils
attendent l’Esprit... Il ne savent pas qui est cet Esprit qu’ils attendent, mais
comme le Maître leur a demandé d’attendre à Jérusalem, ils attendent, et ils
prient...
Ils attendent et ils prient,
obéissant au Maître. Ils ont peur, peur des juifs. Ils sont tristes et de
nouveau déçus. Le temps leur semble long. Mais Jésus leur a dit d’attendre à
Jérusalem, alors ils obéissent. |
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La Pentecôte
Obéissant
au Maître, groupés autour de la douce Maman, les apôtres attendent, et ils
prient. La venue de l’Esprit-Saint va récompenser leur obéissance...
Et l’Esprit vint pendant que,
réunis dans la salle du Cénacle, ils priaient avec Marie, comme le Seigneur le
leur avait ordonné. Ils étaient ensemble, dans l’obéissance autour de Marie.
L’Esprit vint, les apôtres l’ont
vu, ils peuvent en témoigner. L’Esprit vint sur eux, sous forme de langues de
feu. Les apôtres l’ont vu ; les apôtres n’ont plus peur... Les apôtres osent
sortir de leur retraite, de leur enfermement et aller vers le large...
Soudain ces hommes sans grande
culture parlent et tous les gens qui sont là, dans la ville, tous ces gens venus
de partout pour les fêtes, tous ces gens les comprennent, ces gens de toutes les
races et de toutes les langues. Non! ces foules ne sont pas ivres: il est encore
trop tôt. Pierre parle, obéissant à l’Esprit-Saint. Pierre parle : il se
souvient maintenant du prophète Joël : “En ces jours-là, dit Dieu, Je
répandrai de mon Esprit sur tout homme ; vos fils et vos filles
prophétiseront...” (Actes II, 15-21)
Voici que Pierre, sans accuser
personne, raconte maintenant l’histoire de Jésus, “cet homme qui a été livré,
cloué à la Croix et mis à mort conformément au dessein arrêté et à la prescience
de Dieu.”
Car c’est bien par obéissance que
Jésus s’est laissé mettre à mort par la main des impies. C’est à cause de son
obéissance que “Dieu l’a ressuscité en Le délivrant des douleurs de la
mort...” (Actes II, 23-24)
Mystère de la Pentecôte ! Mystère
de la descente du Saint-Esprit sur les âmes promptes à obéir à la volonté de
Dieu sur elles.
Mystère de la Pentecôte qui rend
l’homme capable de Dieu. Mystère de l’action de l’Esprit qui transperce les
coeurs les invitant à se repentir. Mystère de la Pentecôte qui sauve tous ceux
qui acceptent le Baptême et le pardon de leurs péchés, le pardon que Dieu leur
accorde. Mystère de la Pentecôte, mystère d’obéissance à Jésus et à l’Esprit...
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Jésus
était ressuscité, mais Jésus, le Fils tant aimé était reparti vers le Père.
Marie sait qu’Il ne reviendra plus. Marie sait aussi qu’elle doit encore rester
sur terre, pour être Mère de l’Église. Marie fut Mère du corps humain de Jésus,
elle doit maintenant devenir la Mère de son Corps mystique et l’enfanter dans
les épreuves. Malgré sa douleur Marie a accepté la séparation : elle obéit
toujours à Dieu, elle est toujours la Servante du Seigneur.
Quand Jean n’est pas parti en
mission, il revient vers Marie que Jésus lui a confiée. Jean obéit au Maître, à
son Seigneur. Jean célèbre parfois l’Eucharistie, avec un infini respect, une
infinie vénération. Et Jean donne à Marie le Corps Eucharistique de Jésus. Marie
reçoit, des mains de Jean, le Corps et le Coeur de son Fils, et pendant de longs
instants, Marie est heureuse. Un colloque plein d’émotion, plein d’Amour et
plein d’adoration s’installe entre Jésus-Eucharistie et Marie.
Lorsque Marie reçoit son Fils et
son Dieu présent dans le pain et le vin consacrés de l’Eucharistie, Marie a un
moment de bonheur ineffable, et son amour augmente. L’Amour inonde Marie, la
couvre tout entière, et l’appelle vers Lui. L’Amour de Dieu est un Amour total,
infini, merveilleux, et peu à peu Marie meurt d’Amour ; son cœur ne peut plus
supporter l’absence. Marie part, Marie va partir.
Marie sait que son corps ne pourra
plus longtemps résister à l’Amour qui l’appelle. Marie sent que son départ est
pour bientôt. Marie se prépare à partir. Elle peut partir sans crainte, car sa
tâche est finie. L’Église de son Fils est maintenant en route : l’Amour de Dieu
s’étend au milieu des nations. Les apôtres, même Jean doivent s’en aller au loin
pour porter la parole, et Marie vieillissante ne doit pas entraver leur
apostolat. Et Marie sait que le Père l’appelle, que l’Esprit l’enveloppe et que
son Fils l’attend.
Marie peut partir. Alors, fatiguée
mais sereine, rayonnante d’amour, Marie s’allonge un peu. Elle ferme les yeux et
voit Dieu... Pour la dernière fois sur cette terre Marie répond à l’appel du
Seigneur : “Qu’il me soit fait selon ta parole...”
Quand les apôtres revinrent à la
Maison, Marie n’était plus là... |
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Marie
est montée au Ciel, Marie a été accueillie par son Fils, avec son corps
ressuscité et devenu glorieux. Nous n’avons pas de preuve, mais la Tradition de
l’Église l’affirme. Le dogme de l’Assomption nous le confirme: Marie, la toute
pure, Marie la toute sainte est maintenant près de Dieu, avec son corps et avec
son âme.
“Un signe grandiose parut dans
le ciel: une Femme revêtue de soleil, la lune sous les pieds et une couronne de
douze étoiles sur la tête.
Elle était enceinte et elle
criait dans les douleurs de l’enfantement.” (Apoc XII, 1-2)
Qui est cette Femme de
l’Apocalypse ? On a parlé de l’Église, de la Jérusalem céleste. Certains y ont
vu aussi l’image de la Bienheureuse Vierge Marie, couronnée Reine : Reine des
anges, Reine des martyrs, Reine des confesseurs, Reine des vierges, Reine de
tous les saints, Reine de l’univers...
Et pourquoi pas Reine des nations ?
On ne peut pas, en effet, ne pas remarquer que le drapeau de l’Europe, c’est une
couronne de douze étoiles
sur fond bleu. Curieux, n’est-ce pas ?
Durant toute sa vie, Marie s’est
considérée comme la Servante du Seigneur, bienheureuse parce qu’elle avait cru,
bienheureuse Mère de Dieu. Toute sa vie Marie a obéi à l’Esprit-Saint. Par cette
obéissance, elle a été associée à la Passion de son Fils, y compris aux heures
et aux épisodes les plus douloureux, jusqu’à devenir co-rédemptrice. La vie
terrestre de Marie fut une vie d’humble obéissance, parfois dans la joie,
souvent dans la souffrance. Alors, pourquoi Marie ne serait-elle pas couronnée
dans la Gloire du Ciel, par son Fils, et avec son Fils ?
Marie, Reine de tous les saints,
est de plus en plus souvent, actuellement, envoyée par Dieu au milieu de notre
monde pour inciter les hommes, tous les hommes à se convertir, à prier et à
revenir à Dieu. Docile, Marie quitte le Paradis pour retrouver tous ses petits
enfants, malheureux et perdus dans un monde sans Dieu et assoiffé de Dieu. Marie
est là, Reine obéissante et Mère pleine de compassion.
Ave Maria,
gratia plena ! Ave Regina Caelorum ! Ave Domina
angelorum !
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