Marie, en pleurs, se penche et regarde dans le
tombeau. Elle avait pourtant déjà vu qu'il était vide, et elle
avait
annoncé la disparition du Seigneur. Pourquoi se penche-t-elle encore ; pourquoi
désire-t-elle encore voir ? Parce que l'amour ne se contente pas d'un seul
regard ; l'amour est une quête toujours plus ardente. Elle l'a déjà cherché,
mais en vain ; elle s'obstine et finit par le découvrir… Dans le Cantique des
cantiques, l'Église disait du même Époux : « Sur ma couche, la nuit, j'ai
cherché celui que mon coeur aime. Je l’ai cherché mais ne l’ai pas trouvé. Je me
lèverai et parcourrai la ville ; dans les rues et sur les places, avez-vous vu
celui que mon coeur aime ? » (Ct 3,1-2) Deux fois, elle exprime sa déception : «
Je l'ai cherché mais ne l'ai pas trouvé ! » Mais le succès vient enfin couronner
l'effort : « Les gardes m’ont rencontrée, ceux qui font la ronde dans la ville.
Avez-vous vu celui que mon coeur aime ? A peine les avais-je dépassés, j'ai
trouvé celui que mon coeur aime. » (Ct 3,3-4)
Et nous, quand est-ce que, sur nos couches, nous
cherchons l'Aimé ? Pendant les brefs repos de cette vie, lorsque nous soupirons
en l'absence de notre Rédempteur. Nous le cherchons la nuit, car même si notre
esprit veille déjà sur lui, nos yeux ne voient encore que son ombre. Mais
puisque nous n’y trouvons pas l'Aimé, levons-nous ; parcourons la ville,
c'est-à-dire la sainte assemblée des élus. Cherchons-le de tout notre coeur ;
regardons dans les rues et sur les places, c'est-à-dire dans les passages
escarpés de la vie ou dans ses voies spacieuses ; ouvrons l’oeil, cherchons-y
les pas de notre Bien-aimé… Ce désir faisait dire à David : « Mon âme a soif du
Dieu de vie. Quand irai-je voir la face de Dieu ? Sans relâche, poursuivez sa
face. » (Ps 42,3)
Saint Grégoire le Grand (vers 540-604), pape,
docteur de l'Église — Homélie 25 sur l’Evangile ; PL 76, 1188 (trad.
France Quéré, coll. Icthus, vol. 10, p. 292)
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