Nombreuses sont mes dettes

Nombreuses sont mes dettes et dépassant tout chiffre,
cependant elles ne sont pas si étonnantes que ta miséricorde.
Multiples sont mes péchés,
mais ils sont toujours moindres, comparés à ton pardon…
Que pourra faire un peu de ténèbres
à ta lumière divine ?
Comment une petite obscurité peut-elle rivaliser
avec tes rayons, toi qui es grand !
Comment la concupiscence de mon corps fragile
pourra-t-elle être mise en balance
avec la Passion de ta croix ?
Que peuvent paraître aux yeux de ta bonté, ô Tout-Puissant,
les péchés de tout l'univers ?
Voici qu’ils sont…comme une bulle d'eau
qui par la chute de ta pluie abondante,
disparaît aussitôt…

C'est toi qui donnes le soleil
aux méchants et aux bons,
et fais pleuvoir pour tous deux indistinctement
Pour les uns la paix est grande à cause de l'attente de la récompense ;…
mais à ceux qui ont préféré la terre,
tu pardonnes par miséricorde :
tu leur donnes aussi un remède de vie avec les premiers ;
tu attends toujours leur retour à toi.

Grégoire de Narek (vers 944-vers 1010), moine et poète arménien – Livre de prières, n° 74 (trad. SC 78, p.389)