« Maître, nous voudrions
que tu exauces notre demande. »
(Évangile selon saint Marc  10, 35-45)

Frères aimées, nous sommes ainsi : nous voulons toujours que le Seigneur nous écoute sans retard, et que sur l’heure, Il “exauce notre demande”. Nous sommes très exigeants et par trop irréfléchis. Seul notre désir, notre “vouloir” compte…

“Vouloir” forcer la Main de Dieu est presque un péché, ou peut-être même un péché, car nous essayons de le tenter.

Comment cela ?...

Tout simplement parce que nous, à ces moments-là où nous procédons de la sorte, nous ne pensons qu’à nous : nous sommes non seulement égoïstes mais aussi tentateurs.

Quand nous demandons une grâce à Dieu, rarement nous ajoutons une petite phrase — cette remarque vous la faites à vos enfants ! — qui a une très grande valeur impétratoire, car celle-ci laisse à Dieu toute latitude d’agir envers nous ; cette petite phrase est la suivante : “Seigneur, si cela te plaît et si telle est ta sainte Volonté, et pour le bien de mon âme, accorde-moi cette grâce…”

Le terme “vouloir” ne doit jamais être employé dans une prière de demande, étant donné que notre “vouloir” n’a rien de commun avec le “vouloir” de Dieu, notre Créateur et Père.

Notre “vouloir” peut recevoir le même désagrément qu’a reçu le “vouloir” des apôtres de Jésus : « Vous ne savez pas ce que vous demandez ». Mais nous pouvons également recevoir cette interrogation qui “refroidirait” nos désirs les plus insensés : « Pouvez-vous boire à la coupe que je vais boire, recevoir le baptême dans lequel je vais être plongé ? »

Et à quel calice Jésus a-t-il bu ? Dans quel baptême a-t-il été plongé après sa prière au Jardin des Oliviers qui n’en était que le prélude ?

Chacun de nous sait que le Seigneur a bu le calice de tous les péchés du monde et qu’il l’a bu jusqu’à la dernière goutte, et qu’il souffrit ensuite la Passion et la mort sur la Croix, afin que nous soyons tous libérés et puissions entrer dans le Royaume des cieux pour toujours.

Laissons de côté nos exigences démesurées et insensées, si nous ne voulons pas que Jésus, accédant à nos “caprices”, nous dise comme à ses disciples : « La coupe que je vais boire, vous y boirez ; et le baptême dans lequel je vais être plongé, vous le recevrez ».

Et cette réponse est bien loin de celle que nous attendions après avoir “voulu” que le Seigneur nos accorde telle ou telle grâce ; grâce que nous souhaitions tellement, sans pour autant nous être préoccupés ni de son poids ni de sa profondeur et encore moins de son opportunité, par rapport à notre âme et à notre salut.

Nous sommes exigeants et bien souvent téméraires : nos demandes dépassent souvent et nos forces et nos mérites. Nous sommes bien souvent présomptueux, bien souvent des “tombeaux peints en blanc, mais remplis de pourriture”. Mais cela ne compte pas pour nous : quand nous voulons quelque chose de Dieu, nous ne lui laissons même pas le temps de nous demander : « Que voudriez-vous que je fasse pour vous ? » Il faut que cela soit de suite, sinon — et ceci arrive très souvent ! — nous mettons Dieu en quarantaine : nous ne prions plus, nous ne méditons plus, nous n’allons plus à la Messe, nous ne recevons plus la Communion, parce que Dieu n’a pas voulu nous écouter ni exaucer la grâce que nous “voulions” à tout prix…

Nous oublions — pauvres de nous ! — que si la grâce n’a pas été exaucée maintenant, qu’elle le sera peut-être plus tard, quand ce sera “l’heure de Dieu”, ou peut-être jamais pour la simple raison qu’elle pourrait mettre en péril notre âme et son salut.

Frères aimés, regardons attentivement à l’intérieur de nous et, avec humilité, gravons dans nos cœurs, bien souvent partagés, ces paroles de Jésus à ses Apôtres :

« Celui qui veut devenir grand sera votre serviteur. Celui qui veut être le premier sera l'esclave de tous »  Amen.

Charles Brasil ; Commentaires d'un laïc.